memoires des pierres

Mémoires des pierres

Par Nicolas Pheron

Depuis plusieurs années, je mène un travail photographique et intuitif dans des lieux chargés d’histoire et d’énergies particulières : maisons abandonnées, prisons, internats désertés, anciens centres de détention… Mon projet est né à la suite de visites marquantes, notamment celle de l’abbaye d’Aniane, où mes perceptions sensitives – visuelles comme émotionnelles – ont éveillé en moi le besoin de documenter l’invisible.
Je me définis comme photographe des fantômes, guidé par une forte hypersensibilité. Ce travail est une tentative de retranscrire, à travers l’image, ce que l’on ressent sans toujours pouvoir l’expliquer. Certains lieux sont empreints d’une pesanteur difficile à ignorer, d’autres dégagent au contraire une énergie apaisante.


Quelques lieux explorés :
Maison vaudou – Guadeloupe
Ancien lieu de culte et de sacrifice, j’y ai ressenti une peur soudaine en découvrant que ce que je prenais pour de la peinture était en réalité du sang. Un bruit sourd au fond de la maison m’a contraint à rebrousser chemin.


Centre de détention d’Aniane (34)
Lieu hanté emblématique de l’Hérault, l’ancienne abbaye devenue prison m’a fasciné par ses histoires sombres et son atmosphère lourde. J’y suis retourné plusieurs fois pour explorer ses différentes ailes, aujourd’hui abandonnées.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_d’Aniane


Colonie de Lure – Alpes-de-Haute-Provence (04)
Contrairement aux autres, ce lieu m’a laissé une impression positive, presque bienveillante. Une exploration paisible, portée par l’histoire sociale de cet ancien lieu de vacances pour enfants.
https://archives-films-paca.net/ville-de-port-de-bouc/230-la-colonie-de-lure-annees-50.html


Internat abandonné – près de Lamalou-les-Bains
Endroit calme dans l’ensemble, avec cependant un point plus dérangeant autour d’un lit désossé, accentuant une sensation de malaise ponctuelle.


Centre de détention pour familles juives – lieu confidentiel
Lieu historique marqué par la Seconde Guerre mondiale. Une pièce en particulier, la chaufferie, dégageait une sensation oppressante et un froid intense partagé par tous les visiteurs ce jour-là, malgré la chaleur extérieure.

Mon objectif n’est pas de “prouver” mais de transmettre une émotion, une vibration, un ressenti. Chaque photographie est le résultat d’une immersion dans un lieu, d’un dialogue muet avec ses murs, ses objets, ses cicatrices.
Pour les personnes hypersensibles comme moi, ces explorations demandent prudence et préparation. Elles révèlent aussi combien ces espaces oubliés peuvent continuer de parler, à leur manière.